Il y a 1 an, je publiais « pourquoi je suis content de quitter la Chine ?« . 365 jours plus tard, est-ce que c’est toujours le cas ? Pour bien comprendre l’article, je vous conseille de lire le précédent, il y aura souvent des références et réponses à mes questions du passé. C’est parti !

Le retour en France

Pour faire simple, même si je vivais très bien en Chine, après quasiment 2 ans au milieu des racailles de Shanghai, j’étais content de rentrer pour plusieurs raisons :

  • Pouvoir « construire » un truc en France (mettre de l’argent de côte, investir, préparer le futur etc…)
  • Revoir ma famille et mes potes
  • Retrouver une bonne connexion internet pour pouvoir monter, uploader mes vidéos et poster plus facilement des articles, etc…

1 an après : 0 vidéo publiée et 25 articles postés aléatoirement, le résultat ne correspond pas du tout à mes motivations initiales. Qu’est-ce qui s’est passé ?

Retour à la réalité.

Tout ne s’est pas passé comme prévu.

Le premier mois, c’était cool. On revoit la famille, les amis, on fête Noël, la galette des rois : Splendide. Mais une fois que l’euphorie est redescendue, c’est beaucoup moins fou. Les mois ne sont pas durs, mais simplement morne, moins stimulants etc… Tu abandonnes petit à petit ta vie, tes habitudes et l’excitation de tes pérégrinations en Chine, pour le cocon familial et la vie en terres connues. Moins de découvertes, moins d’excitations : moins de fun. Je ne suis pas du genre à ressasser le passé ou m’apitoyer sur mon sort donc je ne m’en rendais pas compte. Mais avec du recul, ça me pesait fort sur le moral.

C’était bien, c’était mieux, mais c’était.
Aujourd’hui, tu es et tu avances.

On est le 4 janvier, et maintenant, tu es libre. Fini les études, le petit poisson plonge dans le grand bain. Je voulais faire un second stage pour approfondir et voir plus de domaines avant de me fixer. Donc je commence à chercher dès Lundi. On remercie chaleureusement l’ESSCA qui a laissé ses étudiants dans la merde en période COVID et introduction sur le marché du travail. Vous avez été nul de A à Z. (Au moins c’est constant, je suppose que c’est pas mal…)

Heureusement pour moi, le 8 janvier j’avais trouvé le bon stage. Il commencera le 1er Mars. Ce qui me donne 2 mois. 2 mois pendant lesquels je ne vais rien faire du tout. 2 mois de divertissement, littéralement. Le temps passe, mon esprit est diverti, je pense à tout et rien à la fois. Divertissant, pas productif. Puis vient le stage. J’intègre une équipe super, dynamique, motivante et bosser est un plaisir. Je découvre un nouveau domaine, les paris sportifs, et les leviers paid pour l’acquisition mobile (Vous n’avez rien compris ? On s’en fout).

Puis au bout de 6 mois en France, un soir d’été, je trie mon téléphone, mes photos, mes vidéos, et je me perds dans mes souvenirs de Chine. Le temps passe, et je ne me sens pas bien. Je pleure et je réalise à quel point ma vie me manque.

En revenant à Shanghai, en 2019, ma première impression était « Je suis chez moi ». Et aujourd’hui, je suis à 10 000 km de chez moi. Je suis rentré dans la routine pied-boulot-dodo (parce que je n’utilise pas le métro).
Je n’ai plus envie d’écrire, de filmer, de monter depuis des mois. Pourtant ce ne sont pas les sujets qui manquent. J’ai 7 vidéos déjà filmées, des dizaines de destinations et pratiques culturelles à vous partager, mais rien ne sort. Je n’ai plus envie.

Heureusement, j’ai rejoint une belle équipe, j’apprends de nouvelles choses, de nouveaux métiers et compétences. Cela me rend le quotidien beaucoup plus agréable. Le temps passe et je réalise petit à petit que j’ai peur de rester bloqué en France. Entrer dans la vraie routine métro-boulot-dodo, gagner de l’argent et laisser passer ma jeunesse. C’est là que je comprend que je suis déprimé. Littéralement. Je ne parle plus, je ne saute plus. Erwan, l’imbécile heureux, surexcité, trop bavard n’est plus là. A la place, je suis calme, silencieux, peu bavard et très souvent passif.

L’étincelle ne brille plus.

Mais comment j’en suis arrivé là ? En rentrant, 2 ans après avoir quitté la maison, mon pays, mes amis, ma famille, l’actualité française, rien n’avait changé. La maison n’avait pas changé. La ville n’avait pas changé. Mes potes n’avaient pas changé. Une sorte de faille spatiotemporelle, dans laquelle 2 années s’étaient évaporées. Et je m’apprêtais tranquillement à rentrer dans cette faille spatiotemporelle, ce trou noir chronophage.

En 2 ans, j’ai vécu 10 vies. Mais ici, rien n’avait changé.

Mon angoisse absolue. Perdu dans du vide. Il ne se passe rien, rien ne change, mais le sablier s’écoule. Avec cette impression que les gens déroulent le fil de leur vie. Le chemin est plat, sans encombres, sans détours, droit. La bobine est propre. Une vie lisse, sans rides, sans changements, sans accrocs. Je fais ma première crise d’angoisse. J’ai peur de rentrer dans un moule, et de vivre pour faire partie de la masse. Je me suis posé 6 mois, je n’ai développé que des angoisses et perdu ma créativité.
Je ne dois pas rester en France.

Respire, réfléchis et relativise

Ok, je ne veux pas rester en France.
Mais je vais aller où ? Je vais faire quoi ? Je vais partir quand ? Et avec quel argent ? Je n’ai pas la réponse à ces questions donc je ne dois pas m’empoissonner l’esprit avec ça.

En ce moment, le voyage ce n’est pas vraiment le sujet le plus tendance. Petit à petit, je relativise. Si je ne peux pas voyager, je vais patienter ici, économiser de l’argent, construire autant que je peux, et je voyagerai quand on aura appris à vivre avec la pandémie. En attendant, profite de l’instant présent, profite de ta famille, de tes amis et de la France.

Tout à coup, vivre en France devient moins dur et cette boule au ventre se dénoue. On va s’occuper de faire un peu d’argent en attendant, et prendre de l’expérience. Si ma vie était un MMO, là je farm. Et puis j’ai rencontré quelqu’un. C’est bête mais ça rend le quotidien moins dur. Je suis content de me lever chaque jour. En plus, on a la même envie de voyager et vivre à l’étranger. Bref, je profite de ma famille, je gagne un peu d’argent et j’ai une copine : 3 facteurs qui rendent ces derniers mois beaucoup plus intéressants !

En Novembre, j’ai aussi été débauché et j’ai obtenu mon premier CDI avec une très belle mission ! J’ai dû démissionner de mon emploi précédent, mais ça valait le coup. Le karma est bon avec moi ! J’espère que ça ne va pas tourner de sitôt.

Petit à petit je reprends goût à la création, à l’écriture etc… Ecrire cet article me fait du bien. Sous prétexte de sortir cet article bilan la même semaine que la vidéo message de moi du passé, je me force à écrire, partager, à parler. Et c’est la première étape.

Je ne sais pas si je referais un jour des vidéos sur YouTube, car je ne vois pas encore ce que je peux raconter, mais me replonger dans ces activités créatives me rend heureux. Alors j’espère que vous aimez voyager dans le temps, parce qu’en 2022, il y aura des vidéos de RV 2020 et ses cheveux blancs que je n’avais pas réussi à sortir.

BILAN : toujours content d’avoir quitté la Chine ?

Oui.

C’est bête et j’ai passé quelques mois vraiment désagréables, mais il m’a fallu quitter la Chine pour vraiment comprendre que j’étais trop bien là-bas. Ce n’était pas parfait, mais c’était bien. Je ne regrette pas d’être parti parce que j’avais besoin de bouger pour de nombreuses raisons. Cette étape m’a permis de mûrir, me recentrer sur moi-même et de prendre conscience que parfois à l’instant T, je suis heureux sans le savoir. Ça m’a permis de réaliser aussi que même si la situation n’est pas parfaite aujourd’hui, je suis content de mon quotidien.

Finalement, je ne suis pas content d’avoir quitté la Chine pour les raisons initiales, mais ça m’a permis d’en découvrir d’autres. Je sais que le début de l’article était un peu triste et amer, mais j’espère quand même qu’il vous aura plu. Les propos exposés ne reflètent que mes angoisses et non la réalité. Ces mêmes angoisses qui m’ont permis de réfléchir et murir. On va conclure très sobrement, exactement comme l’année dernière : Prenez soin de vous, passez de bonnes fêtes de fin d’année, et à l’année prochaine !


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