Salut Internet ! Depuis plusieurs jours je vous parle de « Mianzi », ce concept de Face en Chine. Il est temps de vous l’expliquer puisqu’il fait partie des valeurs fondatrices du pays. Comme évoqué le 1er Octobre, je vous poste un article par jour sur des petites curiosités que j’ai remarqué au quotidien en Chine. Et aujourd’hui je vais donc vous expliquer à quoi la Face correspond et ce que le Mianzi implique en Chine ?

Mianzi, le concept de Face

Le MiànZi (面子, qui se prononce à peu près [Mienne-zeu]) est l’une des 3 valeurs fondamentales de la culture chinoise que l’on m’a inculqué dès mon arrivée en 2018. Avec le Guānxi (关系) et RénQíng (人情), dont on parlera bientôt, ils forment les 3 angles de la base du triangle culturel confucianiste. Le Mianzi en Chine, c’est le concept d’honneur et de dignité en public en Chine.

Chacun a droit au respect et la culture confucianiste chinoise tend à protéger la dignité d’autrui. On évitera donc les gestes, comportements et cadeaux offensants qui entacheraient la réputation de son interlocuteur. C’est pour moi la valeur la plus dure à maintenir mais aussi la plus excitante en Chine tant les pratiques culturelles sont différentes. Chaque geste anodin peut avoir une signification différente en Chine et on apprend à revoir ses habitudes d’Européen. Prendre conscience de sa propre culture et la réviser, c’est incroyable.

On « obtient » son mianzi dès sa « naissance » puisqu’on hérite de l’honneur de sa famille. Il faut donc travailler dur pour ne pas entacher la réputation familiale, et mieux, l’améliorer. On gagne donc en réputation en étant respectable, en traitant bien les gens, en faisant de longues études, en gagnant beaucoup d’argent, en ayant une grande maison, une belle famille (et pas une belle-famille, ça on s’en fout) etc… Bref, vous devez le comprendre, le mianzi est étroitement lié à la réussite sociale et le respect que cela impose. La culture chinoise accordera donc « plus » de respect à quelqu’un de riche et visiblement riche, qu’un petit paysan, humble et heureux dans sa vie. C’est bien/pas bien, ce n’est pas à moi de juger, mais je trouve que ce système de respect permanent est bon pour la société. Il pousse chacun à travailler dur, se surpasser, et considérer autrui, même si la finalité de ces efforts peut paraître assez superficielle.

D’ailleurs, tout comme l’histoire des baguettes dans le riz, je pense que cette valeur n’est pas exclusive à la Chine. Cette tendance de respect et bienséance permanente se retrouve aussi au Japon ou en Corée, des pays basés sur une culture confucianiste.

Et tout comme le Japon, La Chine est très hiérarchique : le patron est très respecté et très rarement contredit. Ses paroles ont valeur de loi, même s’il dit des inepties (j’aime bien ce mot). Ce respect provient en partie du Mianzi qui émane de sa position et donc le respect que lui doivent ses interlocuteurs et employés. C’est là qu’on touche une seconde dimension de la Face en Chine.

La Face, une monnaie sociale en Chine

Le mianzi est aussi une forme de monnaie qui permet d’ouvrir des portes en fonction de son statut social et de son métier. Une personne haut placée dans une entreprise aura plus facilement accès à des services qu’un balayeur du 288 huanghe lu. C’est aussi ici que se mêle Mianzi et Guanxi, dont on parlera bientôt.

Le Mianzi en public

Depuis le début, je précise « en public » car c’est une dimension primordiale du Mianzi. Protéger l’honneur de ses interlocuteurs, c’est ce qu’on appelle « saving face » (« garder la face » en français je suppose). C’est tellement essentiel que l’on a un nom pour « saving face » mais pas pour « gaining face ». On ne peut pas « gain face », car la Chine interdit de nuire à l’honneur d’autrui. Il est tellement mal vu de manquer de respect à quelqu’un qu’on n’a pas besoin de penser à regagner son respect, puisque c’est censé ne jamais se produire ! L’excès exclut la nécessité.

Ainsi pour éviter un retour de bâton du karma, il faut éviter de mettre son interlocuteur dans l’embarras en public, lui faire honte, lui poser des questions auxquelles il n’a pas la réponse etc… Lui faire perdre la face revient à nier son autorité et son statut social.

« Tu n’es pas digne d’être respecté. »

J’ai commencé à vous décrire un exemple de mianzi dans mon quotidien d’étudiant en Chine, mais l’article commençait à faire long. Je vous le poste juste ici si vous voulez aller plus loin.

Conclusion

Ressasser mes premiers souvenirs de 2018 me rend nostalgique. J’ai vraiment hâte de vous parler de Guanxi et Renqing. En attendant, j’espère que l’article vous a plu, c’est sans aucun doute mon préféré de la semaine ! Si la Chine vous intéresse, j’ai écrit plein d’autres articles sur la culture chinoise, le voyage en Chine sur le blog, ou sur ma chaîne YouTube. C’était le quatrième article de cette semaine de Golden Week donc si les sujets en tout genre sur la culture chinoise vous intéressent, vous retrouverez plein d’autres articles.

PS : J’ai décidé du sujet ce matin. J’avais un trou sur mon planning et je me suis dit que ça pouvait être l’occasion d’enfin parler du Mianzi en Chine.

PS2 : Je finis ses lignes en mangeant « chinois » chez le traiteur…

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