Salut Internet ! Lors de la deuxième semaine du Nouvel An, après avoir tristement réalisé que Shanghai était vide à cette période de l’année, j’ai décidé de m’aventurer plus loin dans les contrées mystérieuses de la Chine. Et sur un coup de coeur, j’ai pris un billet d’avion dès le lendemain matin pour Chengdu.

Chengdu, c’est LA plus grosse ville de Chine qui ne se trouve pas sur la côte. Armée de ses 10 millions d’habitants et située dans le Sichuan, la ville propose un grand nombre d’activités touristiques, ce qui peut paraître paradoxal puisque je n’y ai vus aucun européens. Mais j’ai vite compris que ce tourisme visait principalement les chinois, et on va justement en parler.

Que faire à Chengdu ?

J’ai eu envie de visiter Chengdu pour plusieurs raisons. La première & principale : LES PANDAS ! Chengdu possède de nombreuses breeding base pour Panda Géant. Espèce menacée d’extinction, le Panda ne vit plus en liberté mais dans ces « zoo » spécialisés dans la protection des animaux.

La première activité s’est donc résumée à observer des pandas. Parmi les différentes propositions, j’ai choisi la Giant Breeding Panda Research Base. Mon autre choix se portait vers un parc animalier bénévole dans lequel on passait la journée à nourrir et nettoyer les pandas avec les membres du staff. Mais 190€ par personne, soit 1500 RMB, pour nettoyer du caca de panda et bosser à la place du personnel, je me suis dit qu’il ne fallait pas trop abuser de ma stupidité…

Et j’ai donc rejoins fièrement la Giant Breeding machinmachin vers 9h, tout comme 47 291 956 203 autres chinois. Puta*n d’idée de merde… Ne visitez pas la Chine pendant les vacances chinoises ! Si vous trouviez qu’il y avait trop de chinois à Paris, c’est encore pire chez eux !

Mais j’ai vu des PANDAS !

Enfin… Après moult galères pour entrer dans la parc, me voilà fin prêt à m’émerveiller devant de vrais pandas ! Allaient-ils être aussi mignons que sur Internet ? Aussi cons ?

Encore plus que vous ne l’imaginez ! Lorsque le premier panda à pointé le bout de son nez, j’étais plus excité qu’un enfant le matin de Noël. Parmi cette foule de nain chinois, un européen du haut de son mètre 85 bondissait gaiement partout pour admirer ces boules de poils toutes mignonnes. Un vrai instant de bonheur ! Puis toute la famille est arrivée et dans le premier espace, 6 pandas se sont installés pour passer leur journée à manger du bambou.

Emporté dans mon élan frénétique, j’ai continué la visite du parc jusqu’à arriver dans un enclos de seulement 3 pandas, déjà bien installé autour d’un tas de bambous. Enclos dans lequel, la fainéantise ou plutôt le caractère enfantin de ses animaux m’a beaucoup fait rire. Parmi ces 3 imperturbables panda, l’un était trop flemmard pour casser et prémâcher ses bambous tout seul. Il volait donc le bambou de son voisins. Il lui ôtait littéralement le pain de la bouche. Et notre victime de panda ne se défendait pas. Il attrapait seulement un autre bambous qu’il commençait à casser avant de se le faire voler à nouveaux. Et la boucle était bouclée.

Puis, en m’enfonçant plus profondément dans le parc, j’ai découvert une partie réservée à un autre animal asiatique tout mignon. Le Panda Roux 🦊

Alors déjà, ce n’est pas un panda, c’est un enfant illégitime entre un Renard et un Singe ! Il a le corps fin d’un Renard et l’agilité d’un Singe, mais vous appeler ça « Panda Roux » comme le Panda, cet Ours Fainéant ! Décidément, il existe des mystères que la science ne peut résoudre…

Enfin… J’ai quand même pu observer ce petit animal rare et tout aussi mignon que le panda géant, avant d’apprendre quelque chose d’intéressant. Saviez-vous que le Panda Roux a été découvert en 1825, soit 44 ans AVANT le Panda « classique ». Il a ensuite été renommé Panda Roux pour le différencier de son pote le Panda « classique ». D’ailleurs, le Panda est appelé « Panda Géant » à cause de la différence de taille avec le Panda Roux.

La réalité derrière cette Giant Panda Breeding Cave…

En poursuivant ma visite et en me détachant petit à petit de cet état d’euphorie, je réalisais ce qui se déroulait sous mes yeux. Cette Breeding machin est complètement hypocrite. Les pandas sont enfermés dans des enclos, réapprovisionnés en bambous et tout ça pour plaire aux 20 000 chinois qui font la queue. C’est littéralement un parc d’attraction plutôt qu’un centre de soin…

Pousser le profit à ce point sur une espèce menacée comme le Panda, ça m’a fait mal… Il y avait tellement de Chinois hystériques devant les enclos, que c’était à se demander : « Qui est vraiment l’animal dans cette histoire ?». Je vous laisse 4h pour me rendre votre dissertation sur ces sages paroles.

Chengdu et l’influence de la Chine médiévale

Enfin… Pour le reste de la journée, j’ai décidé d’aller visiter la Qing Dynasty Street, une rue piétonne recréant la Chine médiévale. L’idée est sympa : S’immerger dans la culture impériale chinoise ! Mais la réalité est bien moins fun. Littéralement 20 000 chinois dans une rue de 200-300 mètres de long. C’est impossible d’en profiter et tu ne peux pas avancer. Tu mets 40 minutes pour faire la rue, tu piétines, tu marches sur tes voisins et tu ne peux pas t’arrêter dans les magasins car la foule t’emporte… Mais c’est à voir !

Ensuite, puisque la tendance du coin c’est le bouddhisme, j’ai été visiter quelques temples, assez similaire à ceux qu’on peut trouver en Thaïlande ou au Cambodge. Puis retour à l’auberge de jeunesse, dîner et dodo ! Car le lendemain j’avais une grosse journée ! Réveil à 5h du matin et départ pour Leshan !

Leshan, Bouddha géant et la Montagne.

Dans la région de Chengdu, il y a le plus grand bouddha du monde. Un colosse de 71 mètres de hauts, taillé dans la roche dans une montagne à Leshan. Et je tenais absolument à aller voir cette merveille ! Mais là aussi c’était le bordel ! A croire que c’est partout le bordel en fait… Oubliez les queues à la Disney Land ou Parc Astérix. Bienvenue en Chine !

C’était la première fois de ma vie que je voyais autant de monde faire la queue aussi tôt ! À tout juste 9h du matin, c’était déjà plusieurs milliers de personnes qui attendait pour rentrer dans le parc du Bouddha Géant. Et le pire, c’est qu’une fois dans le parc, en arrivant au Bouddha Géant, il y avait une autre queue pour descendre et le voir de face.

« 3h de queue à partir de ce panneau » et la file continuait encore… Et malheureusement je n’avais pas ce temps là, mon train repartait dans 2h. J’ai donc décidé de sortir, de prendre un bateau à proximité et d’aller voir le Bouddha Géant depuis le fleuve. Parce que le Bouddha est taillé en face du fleuve, de façon à faire face à Emeishan, une montagne sacrée chinoise, et aussi ma prochaine destination… Du coup je suis ressorti, j’ai pris un bateau qui m’a amené juste devant le Bouddha, comme le proposait le parc et j’ai pu admirer cette merveille. Bizarrement très peu de chinois empruntaient les bateaux. Surement parce qu’ils n’aiment pas la vitesse et qu’une grande partie de la population ne sait pas encore nager.

L’ascension d’Emeishan

Et ensuite, la grosse étape de la journée… la grosse étape des vacances… L’ascension du Mont Emei, ou Emeishan en chinois ! Le plan initial était de monter une partie de la montagne aujourd’hui, de dormir dans un temple et de repartir le lendemain matin pour la dernière partie puis redescendre et reprendre le train. Cela représentait 25 kilomètres en 2 jours.

Bien évidemment, ce n’est absolument pas ce qu’il s’est passé. Une fois sortie du bus et au pied de la montagne, je devais prendre un téléphérique et commencer l’ascension. Sauf que ce téléphérique était en panne, et cela me rallongeait de 3-4 kilomètres la distance initiale prévue. Pas de soucis, je suis jeune et en pleine forme ! Mytho ouais

J’ai donc commencé à monter et j’ai vite réalisé que ça n’allait pas être une partie de plaisir. La montage est composée de plusieurs chemin pour parvenir au sommet, mais ces chemins sont juste des escaliers qui montent indéfiniment. Vous voyez le col de Cirith Ungol dans le seigneur des anneaux ?

Et bah c’était ça, mais en plus long, et sur toute la montagne. Ce fut les 17 kilomètres les plus long de ma vie ! Ça a pris approximativement 1000 ans pour grimper cette montagne et arriver au point prévu pour dormir. Il était 19h, je venais de grimper pendant plusieurs longues heures, j’étais complètement HS, plus capable de bouger mes jambes et si ça dépendait que de moi, je me serai déjà arrêté plus tôt. La nuit était tombée depuis 18h et ça faisait une bonne heure que j’avançais grâce à la lampe-torche de mon téléphone. Les escaliers étaient enneigés et je glissais avec mes chaussures. Impossible de continuer comme ça.

SAUF que je tombe sur un groupe de chinois hyper motivé, qui me pousse à venir avec eux. A peine arrivé au refuge, ils m’incitent fortement à monter tout en haut. TOUT EN HAUT DE LA MONTAGNE. MAINTENANT. Bon, bah en grande victime que je suis, j’ai attaché des piques à glaces sous mes chaussures et j’ai suivi le groupe pour les 7.5 kilomètres qui nous séparaient du sommet.

L’effort le plus gratifiant de ma vie

Et ce fut la meilleure expérience de ma vie. Ce n’est pas une blague. A bout de force, dans le froid, la neige et l’obscurité, j’ai adoré cette montée. Tranquillement, tel un explorateur perdu au milieu du Mont Himalaya, nous escaladions les kilomètres restants qui nous séparaient du sommet. Fortement accroché aux quelques « barrières » en bois ou pierre parsemées sur le chemin, je grimpais et enchaînais les escaliers glacés. Enfonçant un à un mes pieds dans ces murs de glace, j’appréciais de plus en plus cette excursion.

C’est un sentiment tellement étrange qui me guidait. J’étais content et hyper joyeux de monter malgré ces conditions ! Pourtant quelques minutes plus tôt, j’étais quasiment mort de fatigue. Et ici, malgré cela, je continuais. Mes compagnons d’ascension ne parlaient pas anglais, et la communication était limitée, mais nous nous entraidions et même sans parler, nous nous motivions mutuellement.

Je sortais de je-ne-sais-où l’énergie nécessaire pour continuer et j’ai même finis par distancer le groupe de chinois. Vers la fin, nous escaladions littéralement des murs de glaces, nous ne distinguions plus les marches, recouvertes d’une dizaine de centimètres de glace bien gelée, mais c’était tellement satisfaisant. Et 3h plus tard, à 22h30, nous sommes arrivés au refuge ! Il restait encore une petite partie à escalader mais les refuges s’arrêtaient là.

Pour infos, nous avons effectués 30 kilomètres de randonnées dans la montagne, ce qui représentais 550 étages d’escaliers, le tout en 7h ! Puis, par misère financière et par gout de l’aventure, j’ai dormi avec mes compagnons chinois qui m’ont fait part de leur projet de se lever à 4h pour aller voir le lever du soleil en haut de la montagne.

Donc après une grosse sieste, j’ai renfilé mes chaussures, mon manteau et mes piques à glaces je suis parti à la conquête finale du Sommet. Arrivé là bas sur les coups de 6h du matin, frigorifié, j’ai dégainé mon téléphone pour savoir à quelle heure se levait le Soleil.

7h41.

Ce fut les 1heure et 41minutes les plus longues de ma vie. Impossible de se protéger du vent. Impossible de s’assoir sur le sol en pierre glacée. Je pouvais juste attendre… Attendre 1h41… Puis, réglé comme un coucou, le Soleil a pointé le bout de son nez à 7h41 et tout le monde était content !

MAIS LES GALÈRES NE S’ARRÊTENT PAS LA. Puisque l’ascension a été fait plus vite que prévu, j’étais de retour en bas de la montagne à 11h alors que mon train pour revenir à Chengdu arrivait à 19h. Et comme tout bon européen en Chine qui a du temps à perdre et besoin d’Internet, je suis allé au Mcdo. Pendant 8h. J’ai mangé 4 fois ce jour là


Le lendemain, nous avons visiter une montagne (encore). Le mont Qingcheng ! Ce fut bien plus simple et rapide que Emeishan, bien sur. Elle ne faisait que 6-8 kilomètres de randonnées sur des petits chemins relativement plats, et plein de chinois. Mais c’était très sympa ! Ça faisait un autre des éléments du coin à voir et une étape relax après Emeishan.

Sur le chemin, nous pouvions visiter certains temples bouddhistes de la montagne, mais surtout tomber sur le parfait cliché du chinois taoïste ! Un petit homme, veste et chapeau bleu marine, petit moustache et barbichette blanche. On aurait dit Tintin et le Lotus Bleu ! Et après un petit passage dans 13h de train debout, me voilà de retour à Shanghai. Et c’est ainsi que se conclut mon séjour à Chengdu!

Le petit mot de la fin

J’ai adoré ma visite du Sichuan et je vous recommande franchement de visiter Chengdu ! La province est splendide et regorge de lieux à visiter. Mon court séjour dans le Sichuan fait partie de mes expériences les plus intenses en Chine, loin de mes habitudes Shanghaises et mes amis expatriés.

Si ce petit guide vous a plus, j’en ai préparé d’autres sur Xi’An, Zhangjiajie ou Yangshuo. Sinon je vous invite à me retrouver sur Instagram @erwan_cht si vous voulez en voir plus. J’ai quelques posts, stories épinglées et réels sur la Chine qui devraient vous plaire. Sinon, j’ai aussi parlé d’un ancien village de Lépreux à Ténérife, de la symbolique des chiffres en Chine et des montagnes d’Avatar en Chine. Bref, vous avez de lecture qui vous attend ! Portez-vous bien et à la prochaine.


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